Périphéries

Avec l’APEIS et Ne Pas Plier (2/5)

« Nous ne sommes pas en trop, nous sommes en plus »

- A l’inverse d’autres mouvements auxquels on colle cette étiquette, l’APEIS n’est que très rarement vue comme un mouvement d’éducation populaire...

Philippe Villechalane : Ça se construit sur la longueur, tout ça. L’APEIS, au début, c’est une association de chômeurs et de précaires. Aujourd’hui on peut dire que l’APEIS est toujours une association de chômeurs, mais aussi par la force des choses, une association de lutte contre l’exclusion et la pauvreté. Le fait qu’on intervienne dans des procédures d’expulsions, de saisies par des huissiers, ce n’est pas le rôle propre de l’APEIS. A propos de l’éducation populaire, quand on décide de sortir un journal, Existence !, d’abandonner le bulletin qu’on avait auparavant, qui n’était pas très joli au niveau graphique mais qui donnait de l’information, pas trop régulièrement mais sur vingt pages, on prend la décision de sortir un vrai journal au plan politique. Je ne parle pas de la rédaction, je parle de la forme et des choix qu’on fait dès le départ, en disant : « Voilà on met des pages avec que des images », alors qu’on a tant de choses à dire, qu’on n’a que huit pages. Sur huit pages, il y en a une consacrée exclusivement à une photo et, sur les sept autres pages, il y a plein d’images partout. C’est un choix politique.

Gérard Paris-Clavel : En plus, on refuse la pub au départ.

« Une des solutions politiques,
c’est le partage des richesses,
bien sûr, pour pallier l’urgence,
pour vivre tout simplement.
Mais ce partage des richesses
ne suffit pas en lui-même,
les savoirs doivent aussi être échangés »

Ph. V. : Oui, on refuse la pub, alors qu’on a, au départ, des propositions d’institutions progressistes, de municipalités, de conseils généraux. On est allés les voir pour leur demander de nous aider financièrement ; ils nous répondent : « OK ! Vous nous faites de la pub. » Eh ben non ! On ne leur fait pas de la pub. C’est tout, c’est non. A partir de là, on fait de la politique et on fait de la culture. On a un journal, sans pub, avec des images immenses, et on demande un texte à Pierre Bourdieu, un texte à Loïc Wacquant. On donne la parole à toutes les associations et les syndicats. Voilà c’est un choix, et on estime que ça s’inscrit complètement dans l’éducation populaire. D’autant qu’on part du populaire le plus populaire... Ce que dit Gérard sur les corps est profondément juste : la population qui gravite autour l’APEIS est une population pas homogène, mais particulière. Les chômeurs sont rejetés, et pas seulement de l’emploi, ça va beaucoup plus loin. On s’inscrit aussi dans un mouvement d’éducation populaire. Parce qu’on pense qu’une des solutions politiques, c’est le partage des richesses, bien sûr, pour pallier l’urgence, pour vivre tout simplement, mais on pense, dans le même temps, que ce partage des richesses ne suffit pas en lui-même, que les savoirs doivent aussi être échangés.

En allant un peu plus loin, c’est d’ailleurs parce qu’on pense ça que l’APEIS est contre un revenu d’existence. Le revenu d’existence, ça ne suffit pas aujourd’hui. On n’existe pas simplement à travers ce qu’on peut dépenser dans une société de consommation. C’est simple : on pense qu’il n’y a pas d’antagonisme entre la réponse à l’urgence et la construction d’une autre société.

A un moment on s’est posé la question d’écrire en arabe. 60% des militants de l’APEIS, en région parisienne, sont issus de l’immigration, et en très grande partie de l’immigration maghrébine. Ça s’explique : les manœuvres, les ouvriers spécialisés, c’était des maghrébins, et quand il y a eu la robotisation, les délocalisations, les fermetures et tout ça, c’est eux qui se sont retrouvés au chômage les premiers... Alors on a pensé faire Existence ! en arabe, y compris la Une. On est capables de faire ce choix. Mais en fait, le problème, c’est qu’une immense majorité parmi eux ne savent pas lire, y compris l’arabe. Cette proposition de donner une place aux militants qui ne savent pas lire se traduit, par exemple à Bourges, par la mise en place de séances de lecture collective. Parce que les copains maghrébins, tu l’écris en chinois, en tout ce que tu veux, ils ne pourront pas le lire. On prend l’édito, les brèves, le guide juridique. On le lit et puis on en discute. Cela s’inscrit dans un processus.

G. P.-C. : Pour revenir à « Utopiste debout », ils ont raison, à l’APEIS, de s’en emparer. En y réfléchissant et en mettant à part les sans-papiers - et encore ! -, qui peut prétendre qu’il connaît une association plus représentative des gens les plus fracassés dans notre société, des chômeurs qui luttent dans la nécessité absolue, des fin de droits, repliés dans leur merde, en train de crever quelque part ? L’APEIS représente ceux-là. Et donc ceux, parmi ceux-là, qui arrivent encore à résister, qui ont assez d’énergie pour lutter, ceux qui ne vont pas trop prendre sur eux ou contre eux, mais qui vont prendre pour eux, ceux qui arrivent encore à se battre malgré le fait que cette société, elle les transforme toujours en exclus, et jamais en exploités. Or, être chômeur, ce n’est pas être exclu, c’est être exploité.

« Face à ces situations,
la seule solution,
c’est de donner
encore plus de qualité
qu’à d’autres »

Nous, avec le journal, on considère les gens comme des intellectuels à émouvoir, je le répète. En sachant très bien, sans vision angélique de la misère, qu’il y a un tas de gens qui sont complètement abrutis de la vie, qui font partie des gens les moins instruits, qui ont les cas familiaux, les éducations les plus difficiles, qui connaissent les échecs de toutes sortes. Face à ces situations, la seule solution, c’est de donner encore plus de qualité qu’à d’autres.

Pour Existence !, on s’interroge en permanence. Est-ce qu’il faut faire un truc qui serait facile à lire ? Ça n’existe pas les trucs « faciles à lire » pour des gens qui ne lisent pas. Mais peut-être, ça doit être un journal qui doit plutôt être lu par ceux qui ont la chance d’y arriver et qui doit être partagé. Donc ça veut dire au contraire que nous, ça nous pousserait à être encore plus théoriques, à nourrir plus encore ceux qui ont déjà des connaissances, des facilités pour approcher la lecture et la connaissance. C’est là qu’on voit que la question de l’APEIS, c’est plutôt la question de la qualité de ses militants les plus dynamiques, afin qu’ils parviennent à partager leurs savoirs avec ceux qui ont le plus de difficultés. On voit bien que c’est une forme qui ne passe par le schéma classique d’organisation, du type de celui des grands syndicats - enfin, s’il y en a encore des grands -, qui consiste à filer des produits, un peu comme le fait la société libérale, une brochure, un dépliant, avec une hiérarchie de l’information qui ne correspond plus du tout à la réalité de sa distribution et de sa diffusion. Les villes continuent à faire des journaux municipaux, L’Huma continue à faire une espèce de journal, alors que c’est un truc de réelle agitation politique qu’il faudrait faire, en virant tous les publicitaires, en ayant le courage de faire une information en fonction de ses forces politiques, en réduisant sa pagination mais en renforçant la qualité de ses contenus et leur violence. Bon ben nous, c’est qu’on essaie de faire, on voit bien, dans des conditions totalement difficiles : on n’a pas de fric, on n’a pas de moyens, on n’arrive pas à ramasser la propre information de l’APEIS.

Ph. V. : Dis pas tout ça, Gérard.

G. P.-C. : C’est important de dire ça, parce que, finalement, chacun le fait au maximum de ce qu’il arrive à faire, et finalement, on arrive à quelque chose de satisfaisant. Non pas parce que le journal serait joli, parce qu’il serait mieux fait que d’autres, mais bien parce que la barre qu’on met haut et les difficultés que ça amène sont nourrissantes. De nouveaux questionnements se posent, font surgir la réalité et pas la vision qu’on veut en avoir. Ça pose la vraie fragilité de ce qu’est un groupe, de ce qu’est une association de chômeurs, de ce qu’est un collectif de gens de l’expression, comme Ne Pas Plier.

« Dans cette merde,
il y a quelque chose
qui est près de l’amour,
autant que de la solidarité »

Chacun de nous se dit tous les jours : « A quoi ça rime ? On arrête tout, on se casse, c’est fini ! » Et puis on trouve l’énergie de faire parce qu’il y a des personnes, parce qu’il y a des sentiments. Une des particularités de l’APEIS qui, moi, m’a beaucoup séduit, c’est que ce sont des gens qui affichent des sentiments. Dans cette merde, il y a quelque chose qui est près de l’amour, autant que de la solidarité. Ça, c’est une énergie formidable, qui permet d’apprendre, d’affronter la peur d’apprendre, la peur de la complexité, du savoir, parce qu’on a des affects. Le Taktikollectif de Toulouse [qui compte, en son sein, les Zebda et autres Motivé-e-s] dit que le premier réseau, c’est le réseau affectif. L’APEIS, c’est, je pense, une association très affective, mais qui se donne des moyens politiques.

Après, il faut bien dire que l’APEIS, c’est une association qui, en réalité, est totalement trahie par les pouvoirs publics. Parce que, derrière le discours d’aide aux assistés, aux chômeurs, aux précaires, c’est plutôt, dans la réalité, « Crève et fais pas chier ! » C’est honteux, c’est inadmissible quand on voit l’extrême précarité des gens, quand on voit le gâchis, quand on voit comment ces personnes qui, dans leur douleur, ont appris du chômage. A ceux qui résistent depuis tant d’années, ça leur a donné une acuité de la vie ; ce sont aujourd’hui des gens qui sont beaucoup plus forts pour partager. S’ils avaient les outils pour partager, on verrait émerger cette richesse sociale très très forte... C’est d’autant plus dégueulasse qu’on les laisse crever. Parce que ceux-là sont devenus plus forts dans leur résistance. Malheureusement l’énorme majorité est écrabouillée. Et ceux qui sont devenus plus forts, on va finir, si ça continue, par les écrabouiller à leur tour, si la politique des pouvoirs publics ne change pas, si la seule perspective qu’on leur offre au bout de ces années, c’est de retrouver un emploi encore plus merdeux que celui dont ils ont été lourdés il y a des années. Philippe pourrait en parler de ce trou noir sur la qualité des emplois proposés, sans jamais poser la question de la qualité du travail qu’on pourrait se construire pour soi-même...

Ph. V. : Moi, ce que j’ai appris à l’APEIS, ce que j’apprends encore aujourd’hui - même si la mobilisation est plus difficile à présent ; évidemment, on n’échappe pas à la situation générale de nivellement, de normalisation du rapport politique, des formes de l’engagement -, c’est la volonté, partout où je vais, dans chaque collectif local et malgré la merde terrible qui dure depuis des années, de refuser l’assistance, l’assistanat, et de se battre pour des droits, pour la justice. Je trouve que l’APEIS et d’autres associations ont permis de réfléchir à certaines questions, comme celle de la centralité du travail. Quand on a la tête dans le guidon, qu’on ait un emploi soit aliénant, soit passionnant -peu importe, au bout du compte ça revient au même : ça ne laisse pas le loisir de penser le travail-, la différence fondamentale de celui qui est privé de cette centralité normative de l’emploi, c’est qu’il se pose d’autres questions. Ça fait des années et des années que je milite à l’APEIS, je suis toujours étonné de voir dans les débats des copains participer et dire qu’ils ne veulent pas n’importe quel boulot à n’importe quel prix. Ceci, alors qu’ils touchent 2.500 balles par mois. Je trouve que là, il y a quelque chose sur lequel les politiques devraient réfléchir un peu. Parce qu’aujourd’hui, on crève de ça, du fait qu’il n’y a pas d’alternative politique, de perspectives. C’est un peu plus rose ici, un peu plus de social et tout... Mais quelle alternative on propose ? Quel projet politique on construit sur les questions de la gratuité, de la place des individus, du partage des richesses, des systèmes de production ? C’est ça, la politique !

C’est là-dessus que la politique doit apporter des projets. Ce n’est pas idyllique ce que je décris, mais parmi les chômeurs, il y en a véritablement qui disent : « Nous, on a découvert d’autres modes de vie. » J’ai des copains, tous les deux au RMI, dans le Lot, ils louent une baraque 1.000 balles par mois avec plein de terrains autour. Ils ne recherchent pas de boulot, ils ne sont pas malheureux, ils cultivent leur jardin, ils élèvent des poules et des lapins. Ils vivent un peu en autarcie, mais ils se sentent libres.

« Nous ne sommes pas les penseurs
des alternatives, nous sommes
des révélateurs de leur nécessité,
de l’urgence de les penser »

Tout ça, ça pose la question de la normalisation, la normalité de l’emploi salarié. D’autant qu’aujourd’hui, au-delà de l’idéologie sur le plein-emploi, on assiste à une telle explosion de la précarité, constitutive au premier chef de la baisse du chômage. Tout le monde retourne à l’emploi dans des conditions terribles, avec des mesures obligatoires - qui existaient déjà, mais qui vont se durcir avec la mise en place du Plan d’aide au retour à l’emploi [PARE]. On a des comités qui disparaissent parce que les principaux animateurs ont trouvé un boulot, payé au SMIC, la nuit, à 70 bornes de la maison. C’est du travail, ça. On a des exemples de copines, aides-ménagères dans la Sarthe, qui, quand elles font le total de ce qu’elles ont gagné par rapport à ce que leur a coûté le travail en transports, en vêtements, s’aperçoivent qu’elles touchent en fait entre 10 et 20 francs de l’heure. Ça paraît complètement aberrant, mais c’est la réalité du plein-emploi tel qu’on nous le promet. On pense qu’à tous ces problèmes il y a des alternatives possibles. Nous ne sommes pas les penseurs de ces alternatives, nous sommes des révélateurs de leur nécessité, de l’urgence de les penser.

Quand on met des chars dans les manifs avec l’aide de Ne Pas Plier - Gérard, c’est un général dans les manifs : il nous engueule si les chariots de supermarché ne sont pas bien alignés, si les banderoles derrière ne sont pas dans l’ordre, si l’espace entre telle ou telle banderole n’est pas suffisant -, et qu’on arrive à respecter les consignes de Gérard, tous les copains, rejetés de partout, éprouvent de la fierté. Que les gens s’approprient « Utopiste debout », ce n’est pas sans relation avec le sens que donne Gérard à nos manifestations. C’est comme ça : les mis au ban sont capables d’avoir une plus belle manif que toutes celles des plus gros syndicats ou des partis politiques. Il y a un contenu politique gigantesque derrière ça. En fait, on s’en fout de la beauté ; ce qui compte, c’est ce que ça révèle.

G. P.-C. : Ça veut dire qu’il y a une forme politique qui devient une force. L’addition symbolique des douleurs permet d’affronter ces mêmes douleurs d’une autre manière. C’est ça un peu le rôle des arts plastiques, de l’expression sensible : mettre au niveau symbolique des choses que, par ailleurs, on ne veut pas voir ou qui sont déjà camouflées par toute une machinerie extrêmement lourde de l’information, de la société libérale qui, à travers ses agents publicitaires, transforme en produit tout ce qu’il peut y avoir comme mouvement humain, qui travaille sur l’immédiateté, sur des modèles liés aux signes du commerce qu’on pourrait soi-disant récupérer.

Malheureusement beaucoup d’associations caritatives ou politiques sont fascinées par les formes du commerce, que ça soit les formes d’affiches, que ça soit la typographie ou la maquette. Voir un parti comme le PCF travailler avec Jacques Séguéla pour faire Marx avec des concombres ou des bêtises qui seraient malheureusement ridicules si elles n’avaient pas des effets aussi négatifs, c’est très triste, parce que ça veut dire qu’il y a non seulement une démission, mais aussi une ignorance crasse. Il y a des professionnels de la forme qui se sont mis en situation de recherche et il y a des professionnels de la forme qui sont mis en situation de domestiques, à la remorque des formes du commerce, pour tenter de grappiller un petit peu de capital symbolique en refilant les formes du commerce aux secteurs social et politique.

C’est très important. Moi et les autres copains de Ne Pas Plier, s’il y a un truc dont on est fiers, c’est d’accompagner nos images sur le terrain des luttes sociales. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut juste dire qu’on est avec les gens et qu’on est vraiment avec eux, pas comme des potiches, on discute et on accroche. Grâce à cette conscience obtenue par la parole, générée dans cette contiguité, on peut faire passer certaines idées ou en recevoir d’autres. Derrière nous aussi, on a des idées toutes faites, sur la merde, la misère, les gros cons de beaufs. Le monde n’est pas si simple : la merde et la connerie, ce n’est pas à sens unique.

« Au contraire des grands médias,
nous, nous créons une mémoire réelle
pour les gens qui, à l’échelle de la manif,
voient qu’il y a eu des actions avant »

En l’occurrence, toutes les images qu’on met dans les manifs, ça redonne de la mémoire aux gens. On fait des photos dans les Assedic occupées et on les remet dans les manifs. Ça crée de la mémoire. La télévision, les grands médias sont des machines à effacer la mémoire. Tous les partis, la plupart des groupes militants n’ont qu’une pensée, c’est passer à la télé, faire du lobbying, être connus. Ils ne se rendent pas compte qu’au moment même où ils sont vus par un plus grand nombre de personnes, il y en a encore moins qui vont se rappeler d’eux. Godard a raison sur ce point : la minorité, ça éveille tout le monde et la majorité, ça ne représente personne. Au contraire de ces grands médias, nous, nous créons une mémoire réelle pour les gens qui, à l’échelle de la manif, voient qu’il y a déjà eu des actions avant.

A cette échelle, ça conforte l’idée qu’on peut s’engager, que ça peut présenter un intérêt. Sans ça, les grandes machines médiatiques, ce sont des machines d’immortalité qui enlèvent toute solidarité avec les autres.

Malheureusement, cette bagarre sur le pouvoir des images, la force des signes et leur spécificité n’est absolument plus menée par les partis et les syndicats. A une certaine époque - au début des années 70, pourrait-on dire -, ces organisations avaient commencé à s’intéresser à la construction des signes. A cette époque-là, il y avait des groupes de culture, de théâtre, des gros moyens grâce aux adhésions massives. Tout ça s’est complètement écroulé, et maintenant, c’est le contraire : tout le monde est fasciné par l’apparent résultat. En fait, ils voudraient des miettes de la société libérale en pensant qu’on va leur laisser ramasser ces miettes pour leur plus grand profit. C’est d’une naïveté totale, parce que, pendant que les municipalités dites progressistes font des journaux de villes, pendant ce temps-là, elles se font refiler tous les mobiliers urbains, tous les systèmes architecturaux . En fait, ils se font refiler tout ce qui façonne les gens sournoisement dans tel ou tel mode de vie. Et eux, ils pensent que, parce qu’ils vont mettre un titre un petit peu contestataire sur un journal conforme, ils vont changer les mentalités. C’est une vision totalement bête de l’information actuelle. Il ne faut pas oublier que le capitalisme a contrôlé l’information, comme il a contrôlé la consommation. Il fait son profit avec l’information ; donc il la gère, non seulement dans sa quantité et dans ses outils, mais aussi et surtout dans ses schémas de pensée et dans ses formes. Là-dessus plus personne ne mène véritablement la bagarre.

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Suite de l’entretien
avec Philippe Villechalane
et Gérard Paris-Clavel
Périphéries, mars 2001
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