Périphéries

Carnet
Novembre 2006

Au fil des jours,
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[28/11/06] Reconquérir les coachs populaires
Le PS, la gauche, le peuple et le « réel »

Le 16 novembre dernier, alors que les militants socialistes se rendent aux urnes pour désigner leur candidat(e) à l’élection présidentielle, à Paris se déroule cette scène, rapportée par Le Monde (18 novembre) : « Valérie Moissonnier, jolie femme bien mise, coach en entreprise (1), âgée de 45 ans, et pro-Ségolène, explose devant le secrétaire de la section du 20e qui tente d’ordonner les files de votants, rue du Cambodge. “De quel droit vous me tutoyez ? Je ne vous connais pas. J’ai élevé les cochons avec personne. Et pourquoi vous m’appelez “camarade” ? On n’est pas chez les communistes. J’ai amené plein de jeunes femmes au PS avec moi, elles disent, c’est quoi ces dinosaures ? C’est pour ça que ça doit bouger. On est venues là pour gagner.” »

Le même soir, dans l’émission « A vous de juger » sur France 2, Charles Rey, ouvrier aux Ateliers Thomé-Génot à Nouzonville dans les Ardennes, un moustachu bien mis lui aussi, licencié d’entreprise, âgé de 51 ans, explose à son tour. Deux heures que, devant un panel de « vrais gens », François Bayrou, Jean-Marie Le Pen, Patrick Devedjian et Arnaud Montebourg, porte-parole de Ségolène Royal, tournent, avec courtoisie, à coup d’œillades, autour du pot de l’« immigration »... Alors, Charlie hurle qu’il est là parce que ça doit changer, qu’il est venu là pour gagner : « Vous parlez des immigrés, vous n’avez que ce mot à la bouche, mais nous, notre problème, ce ne sont pas les immigrés, c’est le fric, ce sont les actionnaires qui aujourd’hui nous font perdre notre emploi (2). »

Quelques heures plus tard, Ségolène Royal, gagnante du scrutin interne au PS, fait cette déclaration : « Je mesure aussi le fait de recevoir cet élan, d’être choisie de cette façon-là, c’est quelque chose d’extraordinaire. Je pense que le peuple français a écrit cette histoire. C’est le peuple qui s’est mis en mouvement, ce sont les militants de base qui se sont mis en mouvement et qui aujourd’hui me donnent cette force, me donnent cet élan. » Elle ne néglige qu’un détail, et les commentateurs avec elle : il n’est pas du tout certain que les adhérents du Parti socialiste, anciens ou nouveaux, soient « le peuple ». Non seulement ils sont faibles en nombre et sociologiquement peu représentatifs de la population française, mais la capacité de leur candidate à se rallier les millions d’électeurs des milieux populaires aujourd’hui en déshérence est plus que douteuse.

Dans la pensée socialiste,
la figure de l’individu,
fortement teintée de méritocratie,
se substitue à celle de l’ouvrier

C’est ce que montre l’enquête de Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, La société des socialistes (3). La disparition des ouvriers comme sujets de l’histoire, et de la conscience de classe afférente, est certes indéniable, mais elle semble offrir aux socialistes un prétexte rêvé pour éluder ou minimiser la souffrance sociale, et pour occulter les rapports d’exploitation toujours à l’œuvre : « Ils déplorent les inégalités sans vraiment identifier pleinement ceux qui en souffrent (sinon en se référant à la catégorie des “exclus”) et dénoncent des privilèges sans désigner ceux qui en jouissent. » Dans la pensée du parti, la figure de l’individu, fortement teintée de méritocratie, se substitue à celle de l’ouvrier : « Les socialistes tendent à penser de moins en moins l’ordre social comme un tout et de plus en plus la société comme une agrégation d’individus. »

A une époque où « de plus en plus de sociologues et d’économistes soulignent la faiblesse de la mobilité sociale ascendante et la tendance à la “restratification” de la société française », une telle idéologie - puisque c’en est une, après tout - parle forcément davantage aux électeurs issus d’un milieu favorisé. Les auteurs soulignent d’ailleurs que les classes moyennes salariées elles-mêmes - les enseignants, notamment - désertent les rangs socialistes, et que le parti « reçoit en revanche l’appui électoral croissant des cadres et professions intellectuelles supérieures dont il n’est pas censé défendre les intérêts sociaux. Les ambiguïtés de la ligne politique socialiste en matière fiscale traduisent bien ces tensions ».

Constitué de militants qui en sont de plus en plus rarement issus, le PS tend à ne plus appréhender les « catégories dominées » que sous le registre « de leur incompétence, de leur immaturité voire de leur aliénation ». Le sociologue Michel Wieviorka estime ainsi que le rôle de la gauche est d’« aider les couches populaires à remonter dans le train de la modernité »... « Les élites socialistes, écrivent Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, partagent des représentations des catégories populaires relativement homogènes : le peuple est jugé “rétif” aux changements, à la “modernisation”, à l’adaptation à la mondialisation, inapte à la compréhension de la “complexité” du monde. »

Cette manière de disqualifier sans complexes l’électorat populaire, on en trouve une parfaite illustration dans Les tabous de la gauche, le livre que Renaud Dély, rédacteur en chef au service politique de Libération, vient de publier chez Bourin Editeur (ça ne s’invente pas). Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, qui a fait la campagne du « non » et figure parmi les cibles de prédilection de l’auteur, qualifie joliment l’ouvrage de bréviaire de la « social-bobocratie » (4). La gauche, estime Dély, aurait tort de se prendre le chou outre mesure avec la populace : l’un de ses chapitres s’intitule « relativiser le Graal des classes populaires ». Ailleurs, il déplore que Lionel Jospin n’ait jamais « clamé explicitement que c’est la mondialisation elle-même qui permet de rénover et de renforcer notre modèle social en le tirant vers le haut ». Nul doute que cette affirmation, que rien, dans le livre, ne vient étayer, sera d’un grand réconfort, par exemple, pour Charles Rey et les autres ouvriers licenciés de chez Thomé-Génot, victimes du fonds d’investissement américain Catalina.

« Une telle société
est injuste, explosive,
elle n’est pas réaliste »

Dans leur livre, Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki mettent aussi en relief la virtualisation croissante du Parti socialiste, devenu un parti « hors-sol », suspendu aux sondages et aux enquêtes d’opinion, dédaigneux de l’expérience quotidienne de ses militants : « Le registre du témoignage apparaît démonétisé dans la vie partisane : le “bon” militant n’est plus celui qui apporte un éclairage sur ses conditions sociales d’existence ou les difficultés qu’il rencontre dans le milieu social qu’il connaît ou qu’il côtoie, mais celui qui “opine” et fait valoir une argumentation informée. » Le PS s’enferme dans sa bulle médiatique : « Si le “terrain” est valorisé, il est peu pratiqué. L’idée que le parti peut se passer de militants et que les médias comptent plus que la mobilisation militante semble de plus en plus admise par les cadres socialistes. » La récente « vague » d’adhésions au PS par Internet ne dément pas cette analyse.

Ce décollage du réel, Renaud Dély en présente tous les symptômes, lui aussi. Il ricane de voir certains socialistes parler de « rupture avec le libéralisme » comme ils parlaient autrefois de « rupture avec le capitalisme ». Que la situation, en trente ans, ait pu se dégrader considérablement, et que les effets concrets du libéralisme puissent se faire sentir avec une acuité de moins en moins supportable pour une part toujours plus grande de la population, l’idée ne semble pas l’effleurer. Que diable viendraient faire des éléments de réalité dans les analyses d’un journaliste politique, je vous le demande. Ce qui ne l’empêche pas de n’avoir, comme Alain Finkielkraut ou Philippe Val, que les mots « réel » et « réalité » à la bouche - à croire que, plus on est barré dans sa tête, plus on a tendance à faire un usage compulsif de ce registre lexical. Il y aurait presque de quoi vous donner envie de réécrire un livre. Ses chapitres s’intitulent « Une leçon de réel », ou « Comment la gauche a quitté le monde réel » ; on y lit que la gauche française s’est « fracassée sur la muraille du réel  ». Ou encore : « Le réel a la peau dure : mieux vaut le savoir pour l’aménager, et l’améliorer, plutôt que de l’ignorer pour s’en aller combattre des moulins à vent. »

Confronté à Renaud Dély lors d’un débat (5) organisé par Témoignage chrétien, le journaliste de Politis Michel Soudais faisait à ces admonestations obscènes la réponse de simple bon sens qu’elles appelaient : « La question posée à la gauche est relativement simple. Doit-elle se contenter de corriger les effets négatifs d’une société de marché qui concentre toujours plus les pouvoirs et les richesses entre les mains de quelques-uns, au détriment du plus grand nombre et de l’intérêt général ? Et s’accommoder d’une société où le chômage et la précarité sont tenus pour inévitables, où les inégalités se creusent, où le fait d’avoir un travail ne permet plus toujours de se loger et de vivre dignement, où les discriminations sont monnaie courante, où les hommes et les femmes sont les jouets de décisions qui leur échappent ? “Une telle société est injuste, explosive, elle n’est pas réaliste”, affirme, avec raison, le programme (6) adopté ce week-end par les collectifs pour une candidature unitaire antilibérale. »

Pour Renaud Dély,
la gauche antilibérale
n’a pas pour vocation
de répondre à l’urgence sociale,
mais de satisfaire le caprice
de « révolutionnaires de pacotille »

Sauf que la gauche antilibérale, justement, est l’obsession de Renaud Dély. La fureur qu’elle lui inspire rend la lecture de son livre très divertissante. Cette gauche est née de la campagne référendaire ; or, pour lui, le 29 mai représente un « épisode glaçant », « l’un des événements les plus terrifiants survenus dans l’histoire de la gauche française ». Le scandale de ce résultat ne peut s’expliquer, à ses yeux, que par l’« arrogance nationale » : « Seuls contre tous, et contre tous les autres partis sociaux-démocrates européens, les tenants du “non” ont prétendu détenir la vérité et ont entrepris de l’imposer aux autres », s’indigne-t-il. Eh, oui ! Croyez-le ou non, mais on a posé une question à ces gens, et ils ont eu l’arrogance de répondre. Ils ont eu l’arrogance de réfléchir à la question posée. Ils ont eu l’arrogance de donner leur avis. Sous le futile prétexte qu’ils représentaient 55% de l’électorat, ils se sont crus autorisés à « imposer ce résultat aux autres ». Ils se croient en démocratie, ou quoi ?

Si massive soit-elle, la « réalité » de l’injustice, de la violence et de la souffrance sociales n’a pas l’heur de retenir l’attention de Renaud Dély, qui est bien trop occupé à taper sur l’« extrême gauche » pour se pencher sérieusement sur l’état du pays - pas de temps à perdre avec ça. Pour lui, c’est plié : le programme de la gauche antilibérale n’a pas pour vocation de répondre à cette urgence en sachant que, si elle ne le fait pas, c’est l’extrême droite qui, tôt ou tard, s’en chargera - et qu’un mandat de Royal ne ferait, au meilleur des cas, que retarder un peu l’échéance ; non : ce programme n’existe que pour satisfaire le caprice de ceux qu’il appelle les « révolutionnaires de pacotille ».

Etonnante, tout de même, l’espèce de panique intolérante que semble susciter chez lui toute égratignure, ou toute velléité d’égratignure à l’ordre établi. A croire que le libéralisme, c’est lui qui l’a inventé. Ainsi, il fait ce « constat stupéfiant » : c’est dingue, mais tout le monde ne pose pas, comme lui, un regard placide et satisfait sur l’état actuel du monde. « En 2006, cinquante ans après le rapport Khrouchtchev sur les crimes de Staline, dix-sept ans après la chute du Mur de Berlin, quinze ans après la dissolution de l’Empire soviétique, se désole-t-il, le marxisme et tous ses lointains adeptes continuent d’obstruer les consciences (sic) de la gauche française. Après avoir cautionné tant et tant d’erreurs, justifié de si graves fautes, validé d’innombrables revirements, les communistes et assimilés (trotskistes, gauchistes, altermondialistes, etc.) non seulement n’ont pas “fait repentance”, pratique collective devenue ordinaire dans l’histoire politique contemporaine, mais continuent d’exercer un magistère - discret mais bien réel - sur la conscience de la gauche française. Une sorte de surmoi marxiste se permet de prétendre encore régenter, ou du moins juger, voire invalider, pensées et attitudes du camp réformiste. » Qu’on se permette de faire un peu de mauvais esprit sur la pensée réformiste, et le totalitarisme n’est plus très loin, en effet.

La gratuité,
cette « vache sacrée
qui handicape la gauche
et l’englue dans
le coma de la pensée » (sic)

Le livre suinte, ici, et là, un puritanisme rance, par exemple quand il évoque avec une condescendance pincée Michel Onfray : « Il peut amuser du point de vue de la vitalité qu’il inspire, et de l’énergie qu’il dégage, mais le succès remporté par sa philosophie hédoniste inquiète au regard de la superficialité des ressorts politiques sur lesquels il s’appuie. » Ailleurs, Dély s’en prend violemment à la gratuité, qualifiée de « cancer qui ronge l’harmonie de la société contemporaine et nuit à la vie en collectivité », ainsi que de « vache sacrée qui handicape la gauche et l’englue dans le coma de la pensée » (sic). Inutile de s’emmerder à distinguer les gratuités marchandes (la presse gratuite) des gratuités non-marchandes (bénévolat, Web citoyen...) ou financées par l’impôt (services publics), puisque c’est bien « la » gratuité qui « fait perdre à toute une génération de jeunes la notion de coût, voire d’effort ». Au passage, couplet inévitable sur le « flux continu déversé sans entraves ni garantie par le Web et qui contribue chaque jour un peu plus à niveler par le bas le contenu, la qualité et l’authenticité de l’information », alors que Renaud Dély se donne tellement de mal pour les niveler par le haut, c’est vraiment trop injuste.

Autre péché majeur de la gauche antilibérale, selon lui : elle est « verbeuse ». « Un quart de siècle après l’accession de François Mitterrand à l’Elysée, Alzheimer continue de sévir : verbe grandiloquent, lyrisme naïf et déni de réalité règnent toujours en maîtres. » Tout discours qui décolle un tant soit peu de la médiocrité ambiante déchaîne son agressivité. En vertu d’un raisonnement mystérieux dont il ne livre hélas pas les méandres, il semble associer l’éloquence à un passéisme ridicule. A cet égard, il faut du moins lui reconnaître le mérite de la cohérence : son livre nous inflige de bout en bout une prose de tâcheron (se reporter au paragraphe précédent) dont on ne peut que saluer la courageuse modernité.

La gauche antilibérale parle bien, sans doute. Mais elle a une autre qualité : elle entend. De manière exemplaire tant sur la forme que sur le fond, Ségolène Royal vient de lancer la première phase de sa campagne d’« écoute des Français » en soumettant au « peuple » une série de quatre thèmes sur lesquels elle ramassera les dissertations : l’éducation, l’environnement, la sécurité et l’inénarrable « vie chère ». Non seulement cette démarche dénote un incroyable mépris des innombrables outils de connaissance du monde social existants, mais il faut un culot certain pour clamer à toutes les tribunes son intention d’« écouter », quand, précisément, au cours des dernières années, on n’a rien voulu entendre sur la question sociale, grande absente des thèmes de campagne socialistes. Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki relèvent dans leur livre la constance avec laquelle le PS « amortit » les coups de semonce qui devraient l’amener à des remises en cause : « Le choc électoral de 2002 a été bien “amorti” tout comme le seront ces événements “extérieurs” que sont la victoire du “non” au référendum sur le TCE - y compris au sein de l’électorat socialiste - ou les émeutes urbaines de l’automne 2005, qui semblent n’avoir eu que bien peu d’effets sur le parti. (...) Les déconvenues du gouvernement ont, quant à elles, rétabli la croyance dans la probabilité d’une alternance qui pourrait intervenir sans changements profonds du parti. (...) Reste que si le PS est en situation de remporter l’élection présidentielle de 2007, c’est très largement pour des raisons qui ne lui appartiennent pas et tout semble réuni pour un nouveau cycle de déceptions. »

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La Une du Point et une image de Ne Pas Plier

Le prisme médiatique impose sa vision au point que certains se sont d’ores et déjà résignés à ce « bipartisme à l’américaine », et projettent de voter Royal, soit en se persuadant qu’elle apporte réellement un vent de nouveauté, soit par détermination à contrer la droite et l’extrême droite. Ce calcul se comprend, mais il n’est pas certain qu’il soit bon. Au cours de la campagne référendaire, Frédéric Lordon avait défini avec une franchise méritoire ce qui distinguait le PS de l’UMP : « La grande politique, c’est celle qui fixe les structures principales, macro-économiques, à l’intérieur desquelles le jeu économique et social va se développer. Une fois que ces grandes structures ont été posées, ont été configurées, alors, presque la totalité de la dynamique économique et sociale s’en trouve déterminée. (...) Première grande structure : la concurrence généralisée, c’est-à-dire la déréglementation des marchés de biens et de services. Deuxième grande structure : la libre circulation des capitaux et la libéralisation financière. Troisième grande structure : la monnaie unique. Une fois que ceci a été posé, les marges de manœuvre qui restent à la politique sont quasiment risibles, et là on rentre dans le champ de ce que j’appelle la politique résiduelle. D’une certaine manière on pourrait dire que la politique résiduelle et les alternances qui vont avec, ça porte sur la taille de la serpillière qu’on va passer. (...) Alors, voilà : UMP petite serpillière, Parti socialiste grande serpillière. » Or, jusqu’ici, si Ségolène Royal s’est imposée sur la scène médiatique, si on s’est accordé à la trouver « moderne » et à lui attribuer des chances de battre la droite, c’est parce qu’elle a proposé de réduire encore la taille de la serpillière, ou du moins qu’elle a bien fait comprendre qu’elle y pensait très fort. Tout en cautionnant et en reprenant à son compte les gages sécuritaires par lesquels l’UMP s’emploie à faire diversion des vraies questions.

Idéalement, « gauche antilibérale », ça devrait être tautologique, mais, puisque ça ne l’est pas, il va bien falloir inventer autre chose (7). On ne voit pas comment ça pourrait se faire sans difficultés ni dissensions ; on le voit d’autant moins que les partis et organisations auxquels cette tâche incombe n’ont pas forcément les épaules aussi larges qu’on pourrait le souhaiter : ils sont handicapés par des défiances mutuelles aussi viscérales que dogmatiques, par ce réflexe suicidaire qui amène à mettre la cause au service de l’appareil plutôt que l’inverse, par une socialisation militante qui peut nuire à la hauteur de vue. Ils sont devant une responsabilité historique, et il faut espérer qu’ils sauront comprendre que parfois, c’est en acceptant de se fondre dans un ensemble plus vaste que l’on peut jouer le rôle le plus décisif. Mais, quoi qu’il en soit, qu’est-ce qui vaut mieux : la vacuité ou la dangerosité des projets politiques des grands partis (ou la dangerosité de leur vacuité), portés par des appareils efficaces et des médias acquis, ou un projet politique solide, nécessaire, urgent, légitime, porté par un attelage fragile ? La seconde option ne mériterait-elle pas un minimum d’attention, d’efforts, de bienveillance ?

Mona Chollet
et Thomas Lemahieu

(1) Voir, sur le site du Journal du management, son article « Ce qu’est le coaching ».

(2) Lire dans L’Humanité : « Je peux t’embrasser, Charlie ? » (21 novembre 2006), « Les beaux parleurs et la priorité de l’emploi » (18 novembre) et « Vous nous avez laissé tomber » (10 novembre).

(3) Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, La société des socialistes : le PS aujourd’hui, Editions du Croquant, octobre 2006.

(4) Ecouter le débat sur son blog.

(5) « La gauche doit-elle être plus réaliste ? », Témoignage chrétien, 19 octobre 2006.

(6) Voir, sur le site Alternative à gauche 2007, « Ce que nous voulons ».

(7) Lire le texte « Ambition - Stratégie - Candidatures ».

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