Périphéries

Avec l’APEIS et Ne Pas Plier : bribes, tracts, phrases

Des mots plein les yeux

Courses de Noël : chômeurs interdits

Les associations de chômeurs AC !, APEIS et MNCP soutenues par des dizaines d’organisations appellent à une manifestation nationale le 11 décembre à Paris. La Préfecture refuse le parcours que nous avons tenté de négocier de la Place de la République à l’Opéra. Nous prenons en compte les raisons de la Préfecture concernant une partie de l’itinéraire (Boulevard Haussmann au Boulevard des Italiens). Nous proposons donc d’arrêter le cortège à Richelieu-Drouot ; de cette façon, les arguments concernant les grands magasins ne sont plus valides.

Nous attendons plusieurs milliers de manifestants qui tiennent à être vus, afin d’attirer l’attention de l’opinion publique et des médias sur le vécu de millions de chômeurs et de précaires de notre pays. Les chômeurs ont le droit de manifester sans qu’ils soient cantonnés à un itinéraire non lisible et peu visible. Nous avons organisé des dizaines de manifestations qui n’ont jamais dégénéré et tourné au désordre.

Nous espérons que vous comprendrez notre démarche à la veille de cette manifestation et sommes déterminés à nous faire entendre et voir.

Déclaration des associations de chômeurs APEIS, AC ! et MNCP, le 10 décembre 1999.


Le baiser

Pour construire la société du bonheur, il faut abolir le malheur. L’amour, l’amitié, la solidarité résisteront à toutes les détresses. Les luttes sociales se nourrissent de l’espoir et de la volonté d’abolir les injustices pour construire une société plus humaine. Un baiser suffit parfois à donner du souffle à ses rêves, du désir à ses luttes.

Légende d’une photo de Marc Pataut, un couple s’embrasse dans une manif, publié dans le numéro 1 d’Existence ! en septembre 1999.

Le million ! Le million !
Et après, à quoi bon ?

Quand le gouvernement travaille sur une loi contre les exclusions, on se rend vite compte qu’il s’agit de pansements et pas de guérison, un peu comme si la Sécu remboursait le cachet mais pas le principe actif de l’aspirine.

Il n’y a pas d’exclus, il n’existe que des exploités et parfois pire, si je peux me permettre, des privés d’exploitation, qui sont encore plus opprimés au travers la négation de leur utilité et donc de leur identité.

On entend ici que nous serions sur la bonne voie, là que ça va dans le bon sens et que ça va mieux, que le nombre de créations d’emplois n’a jamais été aussi nombreux sur trois ans, y compris durant les Trente Glorieuses... Cocorico : on fête avec tambours et trompettes le millionième chômeur de moins depuis juin 97.

La réalité est tout autre et ne peut se limiter à des chiffres et des statistiques qui sont travaillés pour rentrer dans les objectifs d’un bilan à présenter avant les échéances électorales.

Extrait d’une intervention de Philippe Villechalane, le 3 mars 2001.

Attention, fragile !

Il y a une pudeur totale dans le monde politique à parler de la tendresse, c’est tabou, comme la sexualité et toutes les choses qui sont fondatrices de la relation humaine et de la qualité de nos vies. On exclut ça parce que montrer de la tendresse, c’est exposer sa fragilité. C’est pas bon dans nos sociétés de gagneurs. Pourtant, c’est peut-être ça, la véritable force.

Texte du festival pour Ne Pas Plier, publié dans Existence ! n°4, décembre 1999.


On veut tous des steak-options

Ce 4 novembre, à moins de 60 jours de l’an 2000, se tient le bureau de l’UNEDIC qui doit renégocier l’assurance-chômage. Les indicateurs de l’arnaque économique sont au beau fixe. Tout irait mieux, le chômage baisse. La crise ne serait plus qu’un mauvais souvenir.

La logique des Michelin, Renault, Epéda, Alcatel, Aérospatiale triomphe... Philippe Jaffré, le P-DG d’Elf Aquitaine, part avec 300 millions de stock-options, non sans être responsable de milliers de licenciements. On s’étonne, on s’indigne puis, on s’habitue. 300 millions, tout a un prix. Et Jaffré négocie pour sa démission l’équivalent de la survie de 120.000 hommes et femmes qui n’ont pas choisi d’être RMIstes.

La folie millénariste bat son plein. On parle de pénurie de champagne, les destinations les plus insolites font le plein, les endroits les plus luxueux ou branchés vont fêter le réveillon à guichets fermés. Il y a fort à parier que le bizness de la charité battra tous les records. Ainsi, artistes branchouilles et milliardaires surhumains vont se fendre d’un chèque millésimé pour les pauvres du Tiers-Monde ou du Quart-Monde au choix : des pauvres, y en a partout.

Votre compassion et vos larmes de crocodiles, on n’en veut pas. Aujourd’hui, 4 novembre, nous voulons que le bureau de l’UNEDIC, composé pour moitié de patrons et pour moitié de syndicats, décide d’indemniser correctement toutes les formes de chômage, instaure un revenu pour les jeunes, supprime la dégressivité et réactive le fonds social. En attendant, c’est tout de suite que la misère fait des ravages et des victimes. C’est tout de suite qu’il faut prendre en compte cette urgence. Nous demandons une allocation exceptionnelle d’urgence pour cette très symbolique fin de millénaire, une allocation que le politique devrait faire payer au grand patronat.

Communiqué de presse de l’APEIS, le 4 novembre 1999.

Cueillis par Thomas Lemahieu

Toujours dans Périphéries :
* Des images plein les mains, une visite au pays des merveilles qu’est l’Epicerie d’art frais dans l’atelier de l’association Ne Pas Plier à Ivry-sur-Seine.
* Une rencontre avec Philippe Villechalane, président de l’association pour l’emploi, l’information et la solidarité des chômeurs et des précaires (APEIS) et Gérard Paris-Clavel, membre fondateur du collectif de graphistes, photographes et autres gens de l’expression Ne Pas Plier : témoignages, existence, résistance.

Périphéries, mars 2001
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