Périphéries

Mokhtar Merkaoui, président d’association

La fin d’un entre-deux

Français par choix, Mokhtar Merkaoui dirige encore aujourd’hui l’Association des travailleurs marocains de France à Argenteuil.

« Nous, grâce à Mémoires d’immigrés, on est enfin reconnus comme ayant participé à la construction de l’économie française. C’est normal ; on est complètement intégrés aujourd’hui. Mes enfants ne parlent même pas arabe et du coup, ils ne réussissent pas à communiquer avec leurs grands-parents. Moi, j’ai choisi la nationalité française ; j’en avais ras-le-bol du Maroc qui traite ses émigrés comme des chiens. En France, au moins, on est tous des êtres humains. On a tous le droit d’exister. Maintenant, il faudrait que la richesse soit un peu mieux partagée entre tous. C’est vrai que les consulats marocains et algériens ont longtemps tenu les immigrés sous leur coupe : à Nanterre, le consulat marocain a travaillé pour faire élire Pasqua. Les immigrés, ils sont entre ces deux côtés, entre consulat et pouvoir politique français. Ils louvoient comme ça ; en fait, pendant longtemps, ils n’ont été nulle part. C’est dans le film, ça : ils prenaient les gens des campagnes pour qu’ils travaillent et qu’ils la ferment. Aujourd’hui, ça a beaucoup changé. Dans les années 70, à l’Association des travailleurs marocains en France, on était contre le fait de prendre la nationalité française. Nous aussi, nous pensions et peut-être nous contribuions à laisser penser qu’un jour, les immigrés marocains retourneraient au Maroc. Aujourd’hui, les immigrés marocains, ils sont les premiers à demander la nationalité. Parce que la situation du “ici, on ne vote pas ; là-bas, non plus” est devenue intenable. »

Propos recueillis
par Thomas Lemahieu

Présents français

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Périphéries, novembre 1998
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