Périphéries

Tout ça pour des sifflets au Stade de France...

France-Algérie : à mort l’arbitre !

18 novembre 2001


« Hier au Stade de France s’est passé un évenement rarissime et tres grave à mon sens. Ce n’est pas l’envaissement (sic) du stade à la 76e min qui démontre la stupidité de nos amis des cités. Non ce n’est pas ça, c’est ce qui s’est passé lors des Hymnes Nationaux (sic). Lorsque une partie du stade a sifflé la Marseillaise. Rendez vous compte l’extrême-affront que ces gens se sont permis de faire !! Siffler l’hymne de leur terre d’accueil ! La plupart ont été invité car ce sont des "pauvres" et "exclu" des banlieus. Et que font-ils pour remercier le pays qui les acceuillent, tentent de les instruirent (sic) ? Un ultime affront. Maintenant qu’on aille pas me dire que ces merdeux réclament un respect qu’ils disent ne pas avoir. C’est pas comme ça qu’ils l’auront. En ces temps ou ces mêmes merdeux se réjouissaient de plus de 6000 morts aux U.S. je dois dire qu’on a sincérement atteint le fond. Ce n’est pas du nationalisme exarcerber dont je veux faire part mais c’est la volonté de recevoir un minimum de reconnaissance de ces "parasites". »
Contribution relevée dans la section « Bistro » de Forum-Auto.com (7 octobre 2001)

« Ma véritable nation, j’y pense quand je suis seul »
Scred Connexion, La bouteille de gaz

Pendant l’Euro 96, Jean-Marie Le Pen avait fait scandale en déclarant : « Je trouve artificiel de faire venir des joueurs de l’étranger et de les baptiser équipe de France. (...) La plupart des joueurs français ne savent pas ou ne veulent pas chanter la Marseillaise. » Tous les commentateurs avaient clamé leur indignation : comment Le Pen osait-il insinuer que seuls des Blancs pouvaient être français ? Quant à exiger que les joueurs entonnent la Marseillaise avec enthousiasme, c’était là, de toute évidence, une préoccupation sinistrement nationaliste.

Le 6 octobre dernier, lors du match France-Algérie au Stade de France, des jeunes de banlieue, descendants d’immigrés algériens, sifflent la Marseillaise. A priori, pas de quoi fouetter un chat. Que des supporters puissent avoir un faible pour l’équipe de leur pays d’origine et l’expriment avec la subtilité inhérente aux ambiances de stade de foot, on peut le concevoir. On sait bien qu’en matière de sport, en tout cas, les fidélités sont à géométrie variable. Et puis, qu’est-ce qu’on aurait voulu ? Qu’ils écoutent tous la Marseillaise au garde-à-vous, en essuyant une larme sur la chance qu’ils ont eue de naître ici et pas dans le pays de sauvages qu’ont quitté leurs parents ? Eh bien, à lire les réactions qui ont fleuri ici et là, oui : c’est apparemment ce qu’on attendait d’eux. Qu’ils choisissent leur camp. Depuis les attentats du 11 septembre, on ne badine plus avec la ferveur patriotique. De suspecte, elle est devenue la norme. Et qu’on ne songe pas à prendre la défense de ces jeunes à l’attitude inqualifiable : ceux qui s’y sont risqués ont d’abord dû montrer patte blanche en multipliant les précautions oratoires, « bien sûr, ce qu’ils ont fait est inadmissible et je le condamne, mais... ». L’hystérie ambiante exige que chacun renonce à sa liberté de parole pour se faire l’otage de sa prétendue appartenance non seulement nationale, mais « civilisationnelle ». « Vous n’avez pas d’autre choix de que haïr l’autre, puisque l’autre vous hait, il l’a prouvé le 11 septembre », répètent en substance les éditorialistes qui se sont chargés, dans les pages des quotidiens, de taper sur les doigts de ceux qui contestaient le bien-fondé de la guerre en Afghanistan. Et « l’autre », depuis le match France-Algérie, c’est aussi le « jeune de banlieue ».

Dans Télérama :
« ... Des musulmans prêts à s’enflammer,
là-bas en brandissant l’effigie du gourou d’Al-Qaida,
ici en sifflant La Marseillaise »

Dès le lendemain du match, les commentateurs se déchaînent. On agite le spectre d’une menace sournoise, d’un corps étranger qui menacerait l’équilibre de notre belle communauté nationale, si homogène et harmonieuse : attention, l’ennemi est aussi à l’intérieur, ils sont parmi nous mais ils ne sont pas comme nous, regardez, ils nous détestent, cette fois on en tient la preuve, ils haïssent cette République qui ne leur veut pourtant que du bien, qui leur a tout donné... Si bien que la réaction de Bruno Mégret, le leader du Mouvement national républicain, qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle, le 14 novembre, devant le Stade de France, « parce qu’ici même, il y a quelques semaines, notre hymne national a été sifflé et nos couleurs salies », ne détone même pas au milieu de celles d’intellectuels dont certains se disent pourtant de gauche. Encore un effort, et l’opinion sera tout à fait au diapason de l’extrême droite. Début novembre, un sondage Sofres créditait d’ailleurs Jean-Marie Le Pen d’un score de 11% à la prochaine élection présidentielle. « C’est la mauvaise surprise politique de l’automne, écrit Le Monde (6 novembre). Le "troisième homme" de ce scrutin pourrait ne pas être Jean-Pierre Chevènement, mais le président du Front national. » Pourtant, souligne le quotidien, « il ne dit rien, ou pas grand-chose, de la situation actuelle, intérieure et internationale. Il n’en dit rien parce que le Front national, écartelé entre un tropisme antimusulman et un ultranationalisme antiaméricain, a tout à gagner à n’exprimer aucune position sur la guerre en cours en Afghanistan. (...) Le Pen a le mutisme calculé. Il tire parti de la crise internationale. Il exploite les peurs qu’elle peut faire surgir, ou resurgir, dans une fraction de l’opinion. C’est un triptyque gagnant pour l’extrême droite : islam, immigration, insécurité. » Le Pen ne parle pas. Mais a-t-il seulement besoin de parler ?

Dans son éditorial de Télérama (17 octobre), sous le titre « Musulmans sous tension », Marc Jézégabel divise les musulmans en deux catégories : d’une part, « une écrasante majorité désemparée [par l’islamisme] » ; et d’autre part, « une minorité consentante, qui du Pakistan à l’Indonésie en passant par nos banlieues, est prête à s’enflammer, là-bas en brandissant l’effigie du gourou d’Al-Qaida, ici en sifflant La Marseillaise ». Siffler la Marseillaise pour déconner avec les copains dans un stade de foot, c’est donc la même chose que soutenir Ben Laden ?! On se pince... Au passage, on notera que les jeunes de banlieues se retrouvent englobés sous l’étiquette « musulmans » - arabes, musulmans, immigrés, enfants d’immigrés, beurs, jeunes de banlieue, terroristes, intégristes : tous ces termes sont devenus joyeusement interchangeables. Dans un dossier inspiré par l’événement et gravement intitulé « Où vont les beurs ? », Le Nouvel Observateur (1er novembre) parle de « l’avertissement du 6 octobre ». Ou comment une bande de mômes irréfléchis et pas méchants se retrouve dans le rôle d’un ennemi inquiétant et fanatique qui a voulu nous donner un « avertissement »...

Robert Redeker, dans Respublica (« le journal de la gauche républicaine, laïque, écologique et sociale »), fustige « la gauche émotionnelle, celle qui s’est discréditée par une étrange complaisance à l’endroit des incidents, dont la coloration judéophobe [?!...] et le contenu anti-républicain ne se cachaient pourtant aucunement, survenus à l’occasion du match de football France-Algérie ». Cette « gauche émotionnelle », il l’accuse aussi de complaisance envers « l’islamisme - que ce soit celui des Palestiniens ou celui, violemment anti-républicain, des jeunes de banlieue, qui se revendiquent, contre les institutions républicaines, à la fois de Ben Laden et de l’ultracapitalisme fétichisé dans les logos des marques Nike, Adidas etc... ». Ainsi les jeunes de banlieue, en plus d’être, comme les Palestiniens, tous des « islamistes », soutiendraient Ben Laden ?! Première nouvelle... Tous les reportages dans les cités qu’on a pu lire récemment s’accordent pourtant à dire que les « vive Ben Laden », quand il y en a, relèvent de la provocation. Pour le reste, il semblerait bien que ce soit l’angoisse de la stigmatisation qui domine. « Pas d’effet Saddam en banlieue », titrait Libération le 29 septembre, en précisant : « Ni afflux dans les mosquées ni même graffitis : si la guerre du Golfe avait soudé la communauté maghrébine, le 11 septembre l’ébranle et l’inquiète. » « A l’école, mes deux filles sont surnommées "Ben Laden" », dit Djamila, une mère de famille de Ris-Orangis, toujours dans Libération, le 5 novembre - le lendemain, on lit dans le même journal qu’aux Etats-Unis, on a recensé 600 agressions contre des Arabes ou des musulmans depuis le 11 septembre.

« J’ai dit que je soutenais Ben Laden.
C’était uniquement pour faire chier le journaliste.
De toute façon, c’est ce qu’il voulait entendre »

Mais si les descendants français d’immigrés maghrébins souffrent de la nouvelle vigueur prise par les stéréotypes depuis le 11 septembre, ils entretiennent aussi avec eux une relation ambiguë. Dans le Nouvel Observateur (1er novembre), Naceur, étudiant de 22 ans, lance : « Quand on m’a demandé si je soutenais Ben Laden, j’ai répondu : oui, c’est très bien, ce qu’il fait ! Je ne le pensais pas, bien sûr. J’ai dit ça uniquement pour faire chier le journaliste. De toute façon, c’est ce qu’il voulait entendre... » « L’embrouille, c’est qu’on se mélange toujours entre deux questions : qui on est et comment l’autre nous voit », dit Rachid, comme en écho, dans Libération (29 septembre). Dans le même reportage, Anissa, qui sert les plateaux-repas dans une cantine de Seine-Saint-Denis, raconte : « Les gamins de la cité me demandent systématiquement : "T’as vu ma tête ? Est-ce que tu penses que je mange du porc ?" Ils sont les premiers à râler quand quelqu’un les classe au physique et eux-mêmes le font : un cercle vicieux. Moi, je suis très claire. Il y a des Arabes qui mangent du porc, des végétariens qui n’en mangent pas, des juifs non plus. La tête qu’on a n’a rien à voir là-dedans. » Une conseillère d’éducation renchérit : « Ces jeunes vivent en permanence dans le feed-back. En général, ils délèguent aux autres le pouvoir de définir leur identité, demandent qu’on leur tende un miroir et réagissent après en fonction de cela. Depuis le 11 septembre par exemple, certains élèves ont écrit "musulman" à la nationalité. Interrogés, ils ont répondu : "C’est comme ça que la télé nous appelle maintenant." Tout en précisant qu’ils trouvaient cela injuste, ils préféraient devancer ce qu’on allait dire d’eux. Evidemment, le mécanisme est très périlleux, selon la manière dont les choses peuvent tourner. »

Comment tracer une frontière nette entre le réel et sa représentation, quand le réel est à ce point intoxiqué par sa représentation ? Auteur du reportage de Libération cité ci-dessus, Florence Aubenas écrivait dans le petit livre sur les médias qu’elle a cosigné avec Miguel Benasayag, La fabrication de l’information : « Décrochées de la réalité qui les a fondées, les images diffusées par les médias sont devenues la référence. Les acteurs du réel vont à leur tour essayer de se conformer à ces figures, devenues plus vraies que leur vie. (...) En France, les plus spectaculairement doués restent peut-être les "jeunes-de-banlieue", comme le veut l’estampille. Le test est pratiquement infaillible. La cité est calme, assoupie. Chacun vaque sans tumulte à ses petites affaires lorsque, attention, arrive un reporter. Cette simple apparition provoque à l’instant chez certains un comportement spécialement formaté pour les médias, destiné à eux seuls, un spectacle sur mesure à base de bras d’honneur, grimaces, propos diversement désabusés, le tout en deux minutes trente chrono. Avec un peu de malchance, quelqu’un ira même pour l’occasion jusqu’à mettre le feu à une voiture. » Brûler une voiture, ou, aujourd’hui, crier « vive Ben Laden »...

« Ce qu’il fait Ben Laden, c’est pas bien,
l’islam c’est pas ça » :
autant pisser dans un violon !

« Comme l’ambitieux chez Balzac ou Gnafron chez Guignol, constatent Aubenas et Benasayag, ce sont en effet des personnages qui reviennent quotidiennement incarner "les informations". Les acteurs tournent, le rôle reste. Les micros se tournent volontiers vers eux, non pour qu’ils expriment ce qu’ils souhaitent, mais pour leur entendre dire le discours que la presse leur prête ou attend d’eux. » Par les temps qui courent, la presse laisse le choix à toute personne musulmane entre deux discours possibles, deux lieux communs : soit « Ben Laden, c’est mon copain », soit « Ce qu’il fait, c’est pas bien, l’islam c’est pas ça... » On admettra que la première possibilité, surtout quand on est jeune et qu’on ne vit pas forcément une idylle perpétuelle avec la société, est quand même plus fun. Surtout, la seconde possibilité paraît totalement dérisoire, totalement inopérante quand il s’agit de contrer la virulence des stéréotypes et des fantasmes que fait naître la situation actuelle. « L’islam ce n’est pas ça » ? Autant pisser dans un violon ! Que pèse ce mantra consensuel, quand on a entendu répéter en boucle les noms arabes des terroristes, quand on a vu à la télévision, soir après soir, et à la une de tous les journaux, s’afficher leurs visages menaçants et basanés, quand on a entendu qu’ils tuaient au nom de l’islam ? L’impact est ravageur. Dans le choix de crier « Vive Ben Laden », il y a aussi une forme de défaitisme.

Même s’ils ne s’y résument pas forcément, on ne peut prétendre analyser les attitudes et les discours de provocation sans tenir compte de ce jeu de miroirs. Les commentateurs, après le 11 septembre, ont tourné un regard insistant et craintif vers tous ceux qui, dans la population, sont liés par leur origine ou celle de leurs parents à l’islam ou au monde arabe. Et les éléments les plus turbulents de cette population, bien conscients de ce regard posé sur eux, ont pris un malin plaisir à se conformer à l’image fantasmatique qu’on se faisait d’eux - crier « vive Ben Laden », c’est peut-être aussi se griser du sentiment de puissance que cela peut procurer de constater que soudain, aussi ridicule que cela puisse être, on fait peur. Le problème est qu’en face, les observateurs ne manqueront pas d’y trouver la confirmation du bien-fondé de leur paranoïa - « ah ! vous voyez ? Ils crient "vive Ben Laden" ! Ils veulent notre peau ! » Vous avez dit cercle vicieux ?...

De la Coupe du monde à France-Algérie :
condescendance hier,
diabolisation aujourd’hui

Mais le contexte international ne suffit pas à expliquer que les incidents du match France-Algérie aient à ce point traumatisé tous nos éditorialistes. Leur diabolisation des jeunes agitateurs du match France-Algérie n’est au fond, dans sa virulence, que le revers de l’écœurante euphorie qui régnait dans leurs rangs après la victoire de la France en Coupe du monde de football, en 1998. Aujourd’hui, les articles des journaux résonnent d’accents plaintifs - ceux du Nouvel Observateur, par exemple (1er novembre) : « Et pourtant... Avait-on assez pleuré de larmes de bonheur le 12 juillet 1998, lorsque cette fameuse équipe black-blanc-beur avait fait déferler un million de personnes sur les Champs-Elysées ? (...) Tout ça pour ça ? Le réveil est douloureux. » En effet, mais pouvait-il en être autrement ? Voilà qu’on redécouvre, hébété, une vérité pourtant élémentaire : ce n’était qu’un tournoi de foot. Dans le même numéro du Nouvel Observateur (supplément Ile-de-France), un journaliste s’étonne : « Mais c’étaient les mêmes qui chantaient "On a gagné" sur les Champs-Elysées en juillet 1998 ! » A quoi un jeune éducateur de Seine-Saint-Denis réplique : « Rappelez-vous l’Olympique de Marseille en 1993, l’équipe de Tapie déchirait. Tout Paris était derrière elle quand elle affrontait le Milan AC. Mais quand elle venait jouer au Parc des Princes contre le PSG, elle se faisait siffler. »

Le piège de la victoire en Coupe du monde s’est donc refermé. Dans leur alarmisme d’aujourd’hui comme dans leur béatitude hier, les éditorialistes ont investi un événement d’une signification qu’il n’avait pas, et qu’ils ont grossi démesurément pour servir de support à leurs fantasmes. Il faut tout de même se rappeler les tissus d’inepties délirantes, présentés avec aplomb comme des « analyses », qui envahissaient les pages des journaux il y a quatre ans. Une piqûre de rappel ? Puisqu’on parle de la Marseillaise, Guillaume Bigot, secrétaire général de l’association civique Tricolore, écrivait par exemple dans Libération (17 juillet 1998) : « Il est tout de même étonnant que, jour après jour, on déplore ce mal lancinant : le manque d’intégration des jeunes immigrés, et que l’on fasse la moue sur cet événement sidérant : ils ont chanté la Marseillaise à pleins poumons ! Si la nation, c’est la volonté de vivre ensemble (Renan), alors c’est toute une jeunesse qui est devenue française en une nuit. Ce que tant de réformes avaient tenté, ce qu’un code de la nationalité avait essayé de consacrer, les Bleus l’ont réussi : faire renaître et parfois naître la France au cœur de toute une jeunesse. Naissance dans la joie : sans armées, sans bataille, sans sang versé. Avec des larmes, mais de bonheur. (...) La France, cette matrice universelle et hautement chargée en énergie politique, est désormais en eux. Elle est en nous. » Il fallait vraiment ne pas avoir dépassé l’âge de croire au Père Noël pour accorder le moindre crédit à ces foutaises.

« Le vieux scénario d’une France métissée
occupant la Ruhr avec ses tirailleurs sénégalais »

Le propos de Guillaume Bigot dans cet article était de défendre la Marseillaise, alors contestée par certains intellectuels en raison du caractère belliqueux de ses paroles. Il écrivait : « Derrière cette attaque en règle contre l’hymne national, c’est l’idée de nation qui est visée. [Les détracteurs de la Marseillaise] semblent, en effet, obsédés par une idée fixe : châtrer la nation. L’empêcher de vouloir. Si seulement la France avait l’amabilité de disparaître en silence... A défaut, puisque la France ne saurait enfanter que des bêtes immondes (vichysso-lepénistes), il faudrait la stériliser. » Ce qu’il célébrait, ce n’était donc pas le prétendu avènement d’une société égalitaire, dans laquelle aucun groupe ne serait stigmatisé ou marginalisé ; c’était la grandeur retrouvée de la France. En 1999, dans sa nouvelle préface à son livre Logiques métisses (1990), l’anthropologue Jean-Loup Amselle observait : « La presse, tant française qu’internationale, n’a pas manqué de célébrer le caractère multicolore de notre équipe nationale - black, blanc, beur -, rejouant dans sa version positive le vieux scénario d’une France métissée occupant la Ruhr de l’après-Première Guerre mondiale avec ses tirailleurs sénégalais, et s’opposant ainsi à une Allemagne racialement pure. »

Ce que tentait de nous faire croire, sans rire, Guillaume Bigot, c’est que des jeunes qui se sentaient marginalisés, discriminés, incompris, avaient vu tous leurs problèmes réglés « en une nuit », parce qu’ils avaient agité un drapeau ou chanté la Marseillaise après un match de foot. De façon irresponsable et quelque peu méprisante, on a feint de croire que ça suffirait à régler le malaise identitaire de ces jeunes, que maintenant ils allaient enfin cesser de nous emmerder. Qu’ils étaient enfin assimilés. Digérés. A propos du modèle républicain dont on a alors célébré le prétendu triomphe, Jean-Loup Amselle émet quelques critiques utiles. Il estime que ce modèle pèche en fait par ses insuffisances, « par son incapacité à être républicain jusqu’au bout, c’est-à-dire universel ». Il pointe par exemple « le caractère catholique inavoué de nos institutions » - le jour chômé le dimanche, le financement par l’Etat d’écoles catholiques... La plupart du temps, sous couvert de demander à ceux qui ont une autre histoire de se fondre dans le « creuset républicain », on leur adresse ce que Sophie Bessis, dans L’Occident et les autres, appelle une « injonction mimétique ». On leur demande de gommer leurs spécificités pour adhérer à un modèle identitaire particulier, dans lequel ils ne se reconnaissent pas forcément.

Puisque l’autre refuse d’être le même,
on le rejette dans une altérité irréductible

Ainsi, au lieu de trouver ensemble un modus vivendi sur un terrain commun et neutre, tandis que chacun serait libre de conserver par ailleurs, dans sa vie privée, ses particularismes, et de les agencer d’une manière qui serait laissée à sa discrétion, on voit des particularismes affronter d’autres particularismes, sans que se dessine la possibilité d’un espace commun. L’identité de l’autre est disséquée, stigmatisée, scrutée à la loupe, jugée à l’aune de critères qui se prétendent universalistes sans l’être vraiment. Le républicanisme n’est plus alors que l’autre nom du nationalisme. Après la Coupe du monde, on a voulu croire que les enfants d’immigrés consentaient à adhérer au modèle identitaire qu’on leur proposait - et qu’on voulait croire « républicain ». L’enthousiasme des commentateurs a peut-être tenu aussi à cette impression que leur modèle identitaire particulier était enfin reconnu comme universel - coïncider avec l’universel, quelle chance : plus d’effort à faire, tout le boulot est à la charge de l’autre...! Seul un événement aussi inconsistant qu’une victoire sportive pouvait autoriser un tel malentendu. Lorsque l’illusion se dissipe, et qu’on s’aperçoit que l’autre est plus coriace qu’on ne le croyait, le dépit est d’autant plus grand. Puisque l’autre refuse d’être le même, on le rejette dans une altérité irréductible.

La manière dont un Guillaume Bigot se gargarisait de la grandeur de la France se retrouvait dans à peu près toutes les tribunes publiées à l’époque. Dans d’autres bouches, cela aurait fait dresser les cheveux sur la tête ; mais en l’occurrence, cela n’inquiétait personne : aucun risque que ce genre de discours puisse s’apparenter à ceux de l’extrême droite, n’est-ce pas, puisqu’ils acceptent et célèbrent la France black-blanc-beur ? Hum... Eh bien, est-ce si sûr ? Ignorance hier, ignorance aujourd’hui : la bienveillance lénifiante de 1998 et la paranoïa vaguement raciste du match France-Algérie semblent les deux faces d’une seule et même médaille. Jean-Loup Amselle, lui, n’a jamais cru que l’euphorie de l’après-Coupe du monde dénotait un progrès - au contraire : « En célébrant la victoire du multicolorisme ou du métissage sur le racisme de la pureté incarné par Jean-Marie Le Pen, et en proposant de remplacer le caractère bleu-blanc-rouge du drapeau par un symbole multiracial, les médias français ou internationaux ont rendu un bien mauvaise service à la société française. En mettant en exergue le caractère composite de la population de notre pays, c’est-à-dire en recourant aux idées polygénistes, ils n’ont fait que réitérer, de façon symétrique et inverse, le modèle propagé par le Front national. »

« Les idées d’assimilation, d’intégration et d’insertion
sont indissociables d’un contexte raciologique »

Pour lui, célébrer le « métissage », c’est en même temps admettre implicitement l’existence de son contraire : des races pures. Or cette idée de pureté est absurde : « Les métissages n’opèrent que sur des produits résultant de métissages antérieurs, renvoyant ainsi à l’infini l’idée d’une pureté originaire. » Il accepte de conserver le terme de « métissage », mais seulement comme antidote à celui de race, comme « métaphore excluant toute problématique de la pureté et du mélange des sangs ». Si on lui laisse le choix, il préfère tout de même parler de « syncrétisme originaire », un concept qui permet d’échapper définitivement à la dialectique de la pureté et du mélange. Et qui l’amène à récuser les notions d’intégration ou d’assimilation : « Pour que puisse être pensée la question de l’assimilation, il faut supposer au départ des groupes radicalement différents, et donc des essences. » Il montre que les discussions sur « les rapports d’évitement ou de fusion » entre différentes catégories de population perçues comme étant d’essences différentes existent dans la société française depuis l’Ancien Régime, et que la Révolution n’y a pas changé grand chose : « On aurait tort de croire que la Révolution française s’est traduite seulement par la victoire des droits de l’homme sur la tyrannie : elle s’est en effet inscrite avant tout dans un cadre raciologique, celui de la suprématie du tiers état, descendant des Gaulois, sur la noblesse ayant les Francs pour origine. Ainsi, lorsqu’on met en avant les mérites du modèle républicain, il ne faut jamais oublier que la République a toujours fait bon ménage avec la Race et que les idées d’assimilation, d’intégration et d’insertion sont indissociables d’un contexte raciologique, c’est-à-dire d’une approche fusionnelle des différents segments de la population. » Au passage, cela donne à réfléchir sur la relativité de la notion de métissage : Maurice Barrès, rappelle Amselle, accusait André Gide d’être un « métis » parce qu’il était issu de parents originaires de différentes provinces françaises...

A l’opposition entre les Gaulois et les Francs a succédé celle entre les Beurs et les Gaulois. Le « binarisme social » est une constante, dit Jean-Loup Amselle, mais le début du XXe siècle lui a ajouté, avec l’essor de la science démographique, « un nouveau modèle de découpage de la population en une série de strates, ou de stocks », qui a établi une « nouvelle répartition raciologique de la population » : « Loin d’être une caractéristique du régime de Vichy, le découpage de la population française en différentes composantes n’a cessé de pousser les théoriciens du social à s’interroger sur leur nécessaire agrégat. » Les études démographiques, par exemple, dans le but de mesurer « l’intégration », constituent des catégories telles que « Français de souche » et « allochtones » : « Par l’utilisation d’enquêtes et de procédures statistiques extrêmement élaborées se met donc en place une représentation de la société française opposant un stock de population premier et clos sur lui-même à un flux de populations étrangères, ce qui n’est pas très éloigné du thème de "l’immigration-invasion" développé par le Front national. » C’est notamment ce qu’avait fait Michèle Tribalat, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined), en 1992 : elle avait introduit de nouveaux critères tels que l’« appartenance ethnique », fondé sur la langue maternelle, et l’« origine ethnique », fondé sur le lieu de naissance des parents, et créé une catégorie baptisée « Français de souche ». Cette approche fut contestée en 1998 par un autre chercheur de l’Ined, Hervé Le Bras, dans son livre Le Démon des origines, démographie et extrême droite, que cite Jean-Loup Amselle. La catégorisation effectuée par Michèle Tribalat entre « Français de souche » et « allochtones » avait pour effet, disait Hervé Le Bras, de « laisser dans l’ombre les métissages antérieurs ».

Le « trou noir » des statistiques :
panique dans les rédactions

Les auteurs du dossier « Où vont les Beurs ? » du Nouvel Observateur, eux, en bons professionnels, ont naturellement cherché à bombarder le lecteur de statistiques concernant la catégorie de population sur laquelle ils se sont penchés. Ils relatent la polémique qui opposa Hervé Le Bras à Michèle Tribalat - laquelle avait, disent-ils, « brisé un tabou ». Depuis cette affaire, regrettent-ils, on se contente de distinguer, comme avant, les Français et les étrangers vivant en France. Et ils râlent : « Combien sont-ils, que font-ils, ces jeunes Français issus de l’immigration ? Impossible de le savoir. Ce n’est pas politiquement correct. » Les hebdos étant plus que jamais clonés en ce moment, une semaine après le Nouvel Observateur, L’Express (8 novembre) y allait de son : « Intégration : où en sont les beurs ». Et déboulait avec la même frénésie de statistiques (les chiffres, ça c’est de l’info ! Peut-être même qu’on va pouvoir faire une infographie : les infographies, ça en jette !) : « Combien sont-ils ? Comment vivent-ils ? D’où viennent-ils ?... » Mais là aussi, à cause de ce gêneur de Le Bras, frustration. Et de citer Michèle Tribalat : « La seule étude sur les enfants d’immigrés dont nous disposons remonte à 1992 [c’est la sienne]. Depuis, c’est un trou noir. Aucune autre enquête n’a été financée, et il nous est interdit d’exploiter ces catégories dans les chiffres du recensement. »

Sans chiffres, on est perdu. Dans La fabrication de l’information, Aubenas et Benasayag écrivent que « les faits sont la terre ferme de l’information », la « religion » des journalistes : « Des commentaires, des analyses, des éditoriaux, de tout cela on peut débattre. Mais on voudrait les faits têtus, dressés au-delà de toute polémique, rigoureuses petites vigies dans leur alignement de dates, de noms, garantes du sérieux et du concret de l’information. Il n’y a pas à le nier, les faits existent et les relater le plus correctement possible est un impératif. Mais dans une sorte de distorsion, la méthode de travail s’est fait mode de pensée. (...) Au bout du compte, au lieu de chercher la vérité de la situation, on traque sa véracité, c’est-à-dire dans quelle mesure elle peut être vérifiable par des données. Le débat se déplace autour d’un chiffre abstrait et non plus d’une situation concrète. Et une fois encore, le réel s’éloigne. »

« L’idéologie, c’est quand les réponses
précèdent les questions »

L’apparent sérieux des chiffres peut pourtant s’avérer trompeur. Le collectif « Les mots sont importants », dans sa lecture du livre d’Hervé Le Bras, résume ainsi l’une des critiques faites par le chercheur à Michèle Tribalat, critique qui porte sur son classement par « origine ethnique » : « Si on distingue bien entre "l’ethnie arabe" et l’"ethnie berbère" ou entre l’"ethnie wolof" et l’"ethnie bantou", en revanche on ne distingue pas les Catalans des autres Espagnols, ni les Piémontais des autres Italiens ou les Bavarois des autres Allemands. Comme l’a remarqué l’historien Alain Blum, une logique stricte perce sous ce manifeste manque de rigueur : tous les pays européens sont considérés comme ethniquement homogènes, tandis que les ’’ethnies’’ prolifèrent dès qu’on franchit la Méditerranée ou le Bosphore. Et "au bout de ces opérations sur les origines, un paysage simple se dessine. D’un côté, les Français de souche, aux valeurs homogènes, aux mariages hexogames, monogames et librement décidés, avec des habitudes alimentaires homogènes, religieuses et relationnelles communes et bien tranchées. De l’autre, un fouillis d’origines ethniques dont chacune a des aspects exotiques particuliers. Les Africains polygames, les Turcs endogames, les Kurdes alaouites, les Chinois commerçants". Comme dans son usage médiatique le plus vulgaire, la catégorie "ethnie" sert ici à enfermer un groupe dans une particularité. »

L’autre problème de cette obsession des chiffres est qu’elle sert souvent d’alibi à la démarche journalistique : je vous ai balancé des données statistiques par paquets, j’ai donc fait mon boulot, rendu compte de la réalité. Pour le reste, je me contente de recueillir quelques propos qui confirmeront mes fantasmes ou du moins mes postulats de départ - ainsi se met en place le jeu de miroirs décrit plus haut entre la réalité et sa représentation. Aubenas et Benasayag, encore : « Dans les rédactions, de stupéfiantes commandes d’articles sont parfois passées : "Il faudrait un professeur en colère contre la réforme scolaire." Ou bien "une victime des inondations qui estime n’être pas assez remboursée par les assurances". Il est devenu rare de pouvoir partir au fil de l’eau, au gré d’une situation sans tenter de calculer, même hors de toute malice, où elle va conduire. Le journaliste "découvre" rarement. Dans le meilleur des cas, il trouve, et dans le pire, il trouve ce qu’il cherche. Il y a un nom pour cela : l’idéologie. "L’idéologie, c’est quand les réponses précèdent les questions", écrivait le philosophe Louis Althusser. (...) Au lieu d’ouvrir une situation, cette démarche la ferme. »

Un monde figé

« Fermeture », « enfermement »... Ce travers des questions précédant les réponses, qui peut caractériser, sous leur apparente « objectivité », tant la science démographique que le journalisme, aboutit dans tous les cas à enfermer un groupe social ou un individu dans une identité réductrice, imposée de l’extérieur. Il implique une vision du monde figée, à base de groupes humains étanches, perpétuant leurs traditions sans entrer en relation les uns avec les autres. S’attachant à analyser l’usage couramment fait aujourd’hui du mot « culture » (« La culture des immigrés est différente de la nôtre. Ils sont ethniquement trop différents »), le collectif « Les mots sont importants » observe : « Tous ceux qui ont immigré, quelle que soit leur origine, ou le motif de leur émigration, ont sans doute une culture commune, c’est-à-dire une somme d’expériences partagées, qu’une sociologie comparative des différentes immigrations permettrait sans doute de mettre en évidence : le déracinement, l’être-étranger dans le pays d’accueil, les problèmes de langue, de rejet, le regard des autochtones... Leur position d’entre-deux pays joue sans doute sur leur manière de penser et de vivre. Mais on est loin de ces considérations dans le débat politique français : le mot culture, appliqué aux résidents étrangers, désigne presque toujours la culture du pays d’origine. Cet usage du mot culture revient donc à nier la particularité culturelle des ’’immigrés’’ par rapport à leurs compatriotes restés au pays, et à les enfermer dans une identité immuable. » Après le match France-Algérie, les commentaires sur les incidents recueillis dans les cafés d’Alger étaient aussi sévères qu’en France. Preuve que les immigrés et leurs descendants se trouvent bien dans un « entre-deux ».

Jean-Loup Amselle écrit quant à lui : « Tout anthropologue ayant une réelle expérience de terrain sait que la culture qu’il observe se dissout dans un ensemble sériel ou dans un réservoir de pratiques conflictuelles ou pacifiques dont les acteurs sociaux se servent pour renégocier en permanence leur identité. Figer ces pratiques aboutit à une vision essentialiste de la culture qui à la limite est une forme moderne de racisme. (...) Les cultures ne sont pas situées les unes à côté des autres comme des monades leibnitziennes sans porte ni fenêtre : elles prennent place dans un ensemble mouvant qui est lui-même un champ structuré de relations. Si l’on envisage une aire culturelle donnée, l’on n’a pas le droit de supposer que les différentes cultures présentes dans cette aire sont simplement juxtaposées ou qu’elles nouent entre elles des liens purement occasionnels. »

Faire resurgir le réel

L’image de la « collection de papillons », utilisée par Jean-Loup Amselle, résume assez bien l’esprit dans lequel on raconte le monde aujourd’hui. On peut déceler, en temps normal, ce que ces procédés ont d’inadéquat, en quoi ils font que « le réel s’éloigne » - toutes les critiques citées ici ont d’ailleurs été formulées hors du contexte actuel ; mais leur pouvoir nocif n’apparaît jamais aussi clairement qu’en temps de guerre. En demandant à la réalité de se conformer à ses idées préconçues, l’autisme des grands médias nous condamne à l’engrenage, aux malentendus éternels, et peut-être, oui, au « choc des civilisations » ; mais un « choc des civilisations » artificiel, qu’on aura créé de toute pièce. Pour casser ce mécanisme, il faudrait effectivement « repartir au fil de l’eau ». Ce qui impliquerait, soulignent Aubenas et Benasayag, de casser l’un des grands tabous de la profession de journaliste : « Personne n’entendra jamais un journaliste dire : "Je ne sais pas." Ou : "Je ne comprends pas." La presse a en partie construit sa légitimité sur cette promesse d’un monde enfin explicable, cernable d’un coup d’œil, linéaire. » Mais comment casser la spirale de l’autisme si on ne redonne pas sa place au doute, à la possibilité d’être surpris, à l’humilité ? Si on ne cesse pas de censurer inconsciemment les éléments « inclassables », problématiques, que l’on rapporte de reportage, parce qu’on n’arrive pas à les faire entrer dans la grille de lecture simpliste qu’on croit devoir proposer ? « Si elle ne tolère pas les zones d’ombre, la presse se condamne à supporter de moins en moins le réel. »

Seule cette attitude dénuée d’a priori, qui parviendrait à réfléchir en termes de relations, de dynamiques, d’entre-deux, pourrait faire resurgir le réel, et réactiver les échanges sociaux grippés par les clichés. Comme l’écrit Jean-Loup Amselle : « En laissant à chaque individu sa libre disposition identitaire, autrement dit en renonçant à assigner à un individu quelconque une identité donnée quand bien même celle-ci serait métisse, on renoncera à classer les individus présents sur le territoire national en Français, étrangers, descendants d’étrangers nés sur le territoire national, immigrés de deuxième génération, toutes catégories qui n’ont pour fonction que d’entériner les catégories raciologiques sous-jacentes à la démographie. Toute tentative d’identifier des groupes et de mesurer leur mélange a pour effet de contrer les processus naturels d’ajustement des différences, lesquels s’effectuent précisément parce que les différences entre les acteurs ne sont pas perçues par ces derniers en termes absolus. »

Peut-être que cet introuvable territoire commun, où chacun pourrait reconnaître l’autre comme son égal sans renoncer à sa propre spécificité, et échanger d’autant mieux avec lui, pourrait alors commencer à se dessiner ?

Mona Chollet

Jean-Loup Amselle, Logiques métisses, Payot, 1999.
Florence Aubenas et Miguel Benasayag, La fabrication de l’information, La Découverte, 1999.

Liens et références :
* Forum-auto.com, « Où l’on parle de ce qui s’est passé au Stade de France ». Vaut le détour, ne serait-ce que pour la chouette petite icône qui permet de voir une photo de la voiture de chaque contributeur.
* Robert Redeker, « De New-York à Gaillac : trajet d’une épidémie logotoxique », Respublica, numéro 116. Robert Redeker fait partie du comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes, dont les membres - Liliane Kandel et Claude Lanzmann, en particulier - se sont distingués ces dernières semaines par une offensive dans les pages « débats » des quotidiens contre la pétition lancée par 113 intellectuels (dont Pierre Vidal-Naquet, Daniel Bensaïd, Elias Sanbar, Aline Pailler, Samir Amin, Michaël Lowy...) contre la guerre en Afghanistan. Il est aussi l’auteur d’un livre dénonçant Internet-le-nouveau-Satan, et d’une tribune sur le même sujet, publiée dans Le Monde, dont le titre est des plus éloquents quant à la colossale finesse de sa pensée : « L’école doit-elle fabriquer des internautes ou instituer des citoyens ? » Un chef d’œuvre de pensée binaire à faire pâlir d’envie un Alain Finkielkraut.
* Guillaume Bigot, « Nous entrerons dans la carrière ! », Libération, 17 juillet 1998
* Pierre Tévanian et Sylvie Tissot, « Culture », Mots à maux, « Les mots sont importants », août 2001. Sur leur site, lire aussi, sur le même thème : « Chez soi », « A quoi sert le sondage annuel sur le racisme », ou encore « De l’Ined à TF1, un racisme qui vient d’en haut ». Globalement, leurs analyses sont très édifiantes sur la manière dont la mouvance républicaine, plus ou moins rassemblée autour de Jean-Pierre Chevènement, a décomplexé les pulsions racistes et réactionnaires de certains intellectuels de gauche.
* Sur Liberte-Algerie.com, voir les excellents dessins du caricaturiste Dilem après le match France-Algérie, les 7 et 8 octobre.

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