Au fil des jours,
Périphéries explore quelques pistes -
chroniques, critiques, citations, liens pointus...
Basé en Belgique, l’Autre Site réunit des contributeurs de toutes origines - chinoise, anglaise, italienne - éparpillés dans toute la francophonie, de Manosque à Liège et de Paris à Genève. Parmi ses collaborateurs, on retrouve l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe ou le photographe Marc Pataut (ancien collaborateur de Ne Pas Plier). Défini comme une revue de « poésie politique », le site est divisé en cinq rubriques : « Exploration » propose une « recherche autour d’un mot ». D’une ambition impressionnante (et encore en construction), le premier dossier s’intitule « Le préfabriqué, une histoire contemporaine ». L’idée en est venue aux auteurs du site en octobre 2000, à l’époque où le gouvernement belge débattait du sort des demandeurs d’asile. « Aujourd’hui » offre des pistes, des nouvelles brèves, « des appels et des rappels », « parfois intégralement plongés dans l’actualité, d’autres fois totalement dégagés de l’immédiateté ». Les « Correspondances croisées » publient des échanges de lettres, et « Capharnaüm » rassemble des liens vers d’autres sites, des textes, des sons, des images en affinité avec la démarche de l’Autre Site.
Enfin, les « Carnets de bord », rubrique pour laquelle on a un gros faible, proposent des récits à la première personne accompagnés de photos. On y trouve actuellement celui de Guy Barbier sur son ami Boï, tzigane bouddhiste dirigeant le cirque équestre Romano Graï, près de Manosque. Boï est sous le coup d’un avis d’expulsion.
Quant à Marc Ghisoland, il raconte la découverte, en 1969, dans le grenier de la maison familiale près de Mons, en Belgique, de quelque 40 000 plaques photographiques laissées par son grand-père Norbert, qu’il n’a jamais connu. Il commence à développer ce fonds énorme, dont il n’est toujours pas venu à bout aujourd’hui. Lui-même étudiant en photographie à La Cambre, à Bruxelles, il montre un jour quelques tirages de son ancêtre à une star de la profession, Otto Steinert, qui a le coup de foudre. De fil en aiguille, il se découvre, ahuri, petit-fils d’un grand nom de l’histoire de la photographie. Sarah Moon et Hervé Guibert célèbrent le travail de Norbert Ghisoland, qui se taillera la part du lion lors de l’exposition consacrée à la photographie belge au Palais de Tokyo, à Paris, en 1991. Les photos seront ensuite exposées dans son village d’origine, où un vieux monsieur retrouvé par la télévision locale posera avec fierté, soixante-dix ans plus tard, devant une photo le représentant petit garçon...
Fraîchement débarqué sur le Net, l’Autre Site émane de l’association belge Causes Communes, qui mêle « solidarités directes, soutien humanitaire, travail culturel et interventions politiques à partir de ce que l’on appelle la “bottom-up approach”, l’approche par le bas ». L’association est née à la suite de l’« Opération Villages Roumains », menée en 1988. Depuis, elle a par exemple apporté son soutien financier aux médias indépendants de la zone ex-yougoslave, créé une télévision des réfugiés dans les camps d’accueil bosniaques, accompagné les premières élections législatives en Bosnie et assuré la mise en ondes de Radio Balkans. En Belgique, lors des élections législatives de 1994, elle a publié un éphémère Quotidien des électeurs. Elle a aussi édité des livres, des CD, et co-produit des films documentaires. Elle se définit comme « une espèce de cyclotron, un accélérateur de relations ». Un cyclotron dont le Web devrait encore décupler la puissance.
Sur le(s) même(s) sujet(s) dans Périphéries :