Le centre est le lieu où les choses se passent, la périphérie ne connaît pas l’événement. Le centre concentre, la périphérie dissémine. Le centre est historique, la périphérie est amnésique. Le centre accumule les biens, la périphérie cumule les tares. Le centre est un, la périphérie est plurielle. Le centre est la tentation de tous les pouvoirs, la périphérie ne tente personne. Le centre ne clique jamais, la périphérie va voir plus loin que le bout de son nez. Le centre aux affaires, la périphérie aux autoradios. Le centre est capital, la périphérie est provinciale. Le centre est culturel ou commercial, la périphérie nourrit les faits divers. Le centre est l’autarcie même, la périphérie n’est qu’un organe. Le centre ripoline, la périphérie rouille.

Le centre est universel, la périphérie particulière. Le centre table sur l’accord parfait, la périphérie n’est que vacarme, tohu-bohu et dissonance. Le centre est le gendarme du monde, la périphérie balkanise. Le centre à la barre, la périphérie rame. Le centre est essentiel, la périphérie anecdotique. Le centre n’assimile que ce qui lui ressemble, la périphérie se coltine la différence. Le centre est un espace économique, la périphérie est un état d’esprit.

Face à un centre surmédiatisé, la périphérie souffre d’un manque de représentations, ou du moins de représentations autres que caricaturales ou condescendantes. Ces pages naissent d’une envie : explorer la richesse des marges - maquis de la pensée ou banlieues physiques -, remettre au cœur la périphérie, concentrer tous les nombrils du monde sur les secondes zones, tailler des costumes aux plus petits dénominateurs communs.

Version Spip - 2006 : Merci de leurs précieux conseils et de leur aide à Booz, Louisa Bouchema, Fil, LaPeg et Pierre Lazuly.